Philippe Simonci (Jazz-Rhone-Alpes.com) :
Mario Stantchev et Olivier Truchot chez Lyon Music

vendredi 8 mars 2013

music

Un grand merci à ces deux figures du clavier de présenter, pour l’occasion et pour la troisième fois en public, le duo jovial qu’ils ont fait renaître. C’est avec trois compositions de Thelonious Monk enchainées que la « play list » décidée en arrière salle va se dérouler tout naturellement pendant une heure et trente minutes. Sous leurs doigts véloces, curieusement Monk n’est plus chaotique, les thèmes roulent dans l’huile de coude. Nos compères aiment toujours autant les provocations, la joute est leur plaisir, ils en roucoulent d’aise de ces pics qui font mouche, ça brode, ça tricote ; la musique de Monk s’y prête particulièrement.

La soirée répondait à la seule question pertinente, finalement : Where or When sur un arrangement d’Olivier Truchot à l’orgue ce soir. Encore plus rapide : When de Bud Powell et Mario Stanchev de nous avouer que c’est Olivier qui l’a poussé à rejouer ce Be Bop qu’il avait un peu délaissé ces derniers temps, plus attaché qu’il était dans les recherches originales qu’il mène avec ses autres formations. Ils n’ont pas eu le temps de peaufiner tout ce qu’ils nous donnent ce soir, mais nous sommes entre amis et c’est en spectateurs privilégiés, un peu voyeurs, que nous assistons à leurs recherches bavardes. Les arrangements sont systématiquement originaux et même pour les compositions personnelles comme le splendide Duke d’Olivier Truchot, la présentation sera nouvelle ce soir avec cette longue introduction en cascades pour laquelle il aura joué le Bösendorfer. La soirée aura permis à certains de découvrir de très près cet instrument étonnant qu’est l’orgue Hammond et sa cabine Leslie associée (amplificateur spécifique équipé de trompes et d’un tambour rotatifs qui donnent ce son plein, unique et tournant avec un vibrato naturel). Un programme à plus de 185km/h de moyenne, même pour les ballades, ils ne peuvent s’empêcher de doubler, au minimum, le tempo comme s’ils ne maîtrisaient plus leurs doigts avides de records. Rapidité sera de mise avec le passage de Stéphane Kochoyan, Monsieur Jazz à Vienne ; mais c’est surtout la complicité, la convivialité, le respect réciproque de ces deux musiciens qui explosent pour chacune de leurs prestations, souhaitons qu’elles soient nombreuses, l’originalité de la formule le mérite amplement.

Et comme toujours, bravo et merci à Yves Dugas d’accueillir avec générosité les musiciens et les amoureux des musiques vivantes.

Philippe Simonci

Source : http://www.jazz-rhone-alpes.com/130311/#stantchev