samedi 14 octobre 20h Pierre BOUYER Autour de la Sonate « Pathétique »

Pierre BOUYER donnera le premier des 8 récitals de l’Intégrale des Sonates pour piano de Beethoven : Récital Autour de la sonate « Pathétique ».

Chacun des huit récitals de cette intégrale s’organise autour d’une Sonate emblématique, que Pierre Bouyer considère comme l’une des plus importante, sur un plan historique ou esthétique, en dehors de son propre goût personnel. Il a choisi ces “Sonates-Phare” sur toute la période créatrice de Beethoven : la première est la célèbre “Sonate Pathétique”, qui, au tournant du XVIIIème et du XIXème siècle,
résonna comme un coup de tonnerre dans le ciel du pianoforte européen, suscita l’admiration, voire la sidération de toute l’Europe, et donnera lieu à de très nombreuses copies…

Autour de la Sonate “Pathétique”

Chacun des huit récitals de cette intégrale s’organise autour d’une Sonate emblématique, que Pierre Bouyer considère comme l’une des plus importante, sur un plan historique ou esthétique, en dehors de son propre goût personnel. Il a choisi ces “Sonates-Phare” sur toute la période créatrice de Beethoven : la première est la célèbre “Sonate Pathétique”, qui, au tournant du XVIIIème et du XIXème siècle, résonna comme un coup de tonnerre dans le ciel du pianoforte européen, suscita l’admiration, voire la sidération de toute l’Europe, et donnera lieu à de très nombreuses copies…
Pour les huit récitals de cette intégrale, Pierre Bouyer a essayé, dans chaque programme, d’évoquer les célèbres “trois manières” du compositeur…. très vieille notion, qui n’est pas dénuée de fondement, de manière à donner à ressentir, dans chaque récital, le trajet de la pensée de la pensée du compositeur durant son aventure créatrice. Il a essayé, également, de donner une identité “tonale”, plus ou moins évidente, à chaque programme, en associant des tonalités complémentaires ou voisines…

Sonate facile “n°20” opus 49 n°2, en sol majeur (1795) 1. Allegro ma non troppo, sol majeur 2. Tempo di Menuetto, sol majeur
Certains musicologues et certains pianistes sont opposés au concept des “32 Sonates” de Beethoven, et il est bien vrai que les deux Sonates “faciles” de l’opus 49 n’ont pas grand chose à voir avec le “corpus” de 30 (ou 29, voir ci-dessous) autres Sonates. Ce sont deux œuvrettes charmantes, sans doute à but pédagogique, écrites à deux ans d’intervalle, à peu près à la même période que les premières Sonates
officielles (opus 2), et réunies dix ans plus tard par un éditeur, ce qui explique leur numéro d’opus et leur numérotation (qui ne sont pas le fait de Beethoven), logiques par rapport à la date d’édition mais pas par rapport à la date de composition. En réalité, il y a, à côté de ces deux Sonates opus 49, une dizaine d’autres Sonatines des jeunes années de Beethoven, qui pourraient être intégrées dans un cycle de plus de 40 Sonates de Beethoven. Mais la tradition a consacré ces deux œuvres là, et Pierre Bouyer a pensé que choisir l’opus 49 n°2 en sol majeur permettait de commencer cette intégrale d’une manière douce et chantante – qui mettra d’autant plus en valeur l’âpreté de la “Pathétique”.

Sonat(in)e “n°25” opus 79, en sol majeur (1809) 1. Presto “alla tedesca”, sol majeur 2. Andante, sol mineur 3. Vivace, sol majeur
Quinze ans après cette Sonate “facile” opus 49, dans la même tonalité, voici une Sonatine, elle aussi toute simple, elle aussi sans doute composée à des fins pédagogiques – encore qu’elle ne soit pas si facile qu’on pourrait le croire – et montrant l’assurance prise par le compositeur, même lorsqu’il cherche à échapper à son image de créateur intellectuel et difficile. Le plus intéressant de cette œuvre est son rapport avec les musiques populaires – pour lesquelles Beethoven montrait un grand intérêt, bien dans le goût de son époque – : Danse allemande pour le premier mouvement, Romance aux harmonies inhabituelles pour le mouvement lent.

Sonate “n°8” opus 13, en ut mineur (1799) dédiée au Prince Karl von Lichnowsky 1. Grave, ut mineur – Allegro di molto e con brio, ut mineur 2. Adagio cantabile, la bémol majeur 3. Rondo : Allegro, ut mineur
C’est l’un de ses éditeurs qui convainquit Beethoven d’accoler la dénomination “Pathétique” à cette grande Sonate – bien qu’il n’ait en général pas été très friand de ce type de dénominations. Le Pathétique était très en vogue, très demandé par le public, théorisé par le grand poète Schiller, en référence à la tragédie grecque, et devait montrer de grands sentiments et de grandes souffrances (peur, effroi, tristesse…) accessibles seulement aux grandes âmes : “Le pathétique est un malheur construit par l’art”…. La tonalité d’ut mineur, déjà illustrée de manière terrible par Mozart, et le Grave initial, par exemple, sont emblématiques de ce pathétisme.
En dehors de sa violence, de sa densité et de sa gravité, ce qui rend cette sonate particulièrement étonnante de la part d’un jeune compositeur de moins de trente ans, habitué à briller dans les salons viennois comme l’un des meilleurs pianistes de sa génération, est le souci structurel, très en avance sur son époque (si on excepte la Fantaisie et Sonate dans la même tonalité de Mozart), consistant à relier les diverses parties de l’œuvre par un ton commun et par des motifs qui font écho les uns aux autres à l’intérieur des trois mouvements.

Sonate “n°27” opus 90, en mi mineur (1814) dédiée au Prince Moritz von Lichnowsky 1. Avec vivacité et avec sentiment et expression d’un bout à l’autre, mi mineur 2. A jouer sans trop de vélocité et très chantant, mi majeur
A l’époque de cette Sonate, Beethoven est au faîte de sa gloire viennoise, pour des œuvres de circonstances qui ne sont pas celles que la postérité retiendra – c’est l’époque du “Congrès de Vienne”, ce qui explique cet enthousiasme pour la vie nationale. Nous avons traduit les indications de tempo et de caractère notées pour la première fois en allemand par Beethoven, ce qui confirme sa volonté de participer à l’émancipation d’un caractère artistique vraiment germanique. Cela faisait cinq ans que Beethoven n’avait pas publié de Sonate pour le piano, et, d’une manière très simple, qui fut d’ailleurs très bien accueillie en raison même de cette évidence, Beethoven trace les grandes lignes de sa recherche pianistique (essentiellement le lyrisme) et formelle (condenser la forme Sonate, ici en donnant au seul second mouvement, à la fois la fonction de mouvement lent par son écriture et de final par sa forme).
Sonate “n°18” opus 31 n°3, en mi bémol majeur (1802) dédiée au Prince Moritz von Lichnowsky 1. Allegro, mi bémol majeur 2. Allegretto vivace (Scherzo), la bémol majeur 3. Moderato e grazioso (Menuetto), mi bémol majeur 4. Presto con fuoco, mi bémol majeur
Cette grande Sonate pleine de vie et d’énergie, fait partie d’un “Opus” de trois sonates, composé à Heiligenstadt, dans la banlieue de Vienne, durant la tragique période du “Testament” – motivé notamment par la surdité qui s’installe -. Ce recueil comporte également l’énigmatique et sombre Sonate dite “La Tempête”. Ce recueil est parallèle à un recueil (opus 30) de trois Sonates pour violon et pianoforte, qui comporte également en son centre une sonate “terrible”, entre deux sonates fort dynamiques. Lorsqu’on évoque les “trois manières” de Beethoven, ces Sonates représentent, de l’aveu même du compositeur, le début de cette “deuxième manière”, de cette nouvelle manière de composer. La thématique étrange du premier mouvement, dont le motif initial est plus une question qu’un thème, le “scherzo” (dans le sens de “plaisanterie”) qui prend la place habituelle de l’habituel mouvement lent, le menuet plus intérieur que dansant, et le “mouvement perpétuel” du Finale sont des options originales dans une forme Sonate revisitée, qui tient plus du parcours que de la juxtaposition.