Article de Philippe Simonci

Mario Stantchev & friends chez Lyon Music

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Depuis que Mario Stantchev est libéré de ses obligations d’enseignant il a tout son temps pour composer, jouer, rassembler, revoir ses amis… et en attendant la résidence qui lui sera dédiée à la fin du mois de mars à L’Amphi de l’Opéra de Lyon, il nous l’annonce officiellement, c’est un jeudi chez son complice Yves Dugas qu’il présente, une fois encore et sous nos yeux et nos oreilles attentives, un nouveau concept qui va réunir son ami musical de longue date, le trop rare guitariste Philippe Roche, et l’indispensable contrebassiste Christophe Lincontang. Et comme ces trois là ont jeté leur Real Book depuis quelques années (sans doute aussi parce qu’ils le connaissent « Parker ») c’est avec un matériel personnel qu’ils ont choisi de nous charmer, la play list est annoncée, il devrait y avoir deux compositions de Philippe, deux de Mario, au moins deux de Maurizio Giammarco (célèbre saxophoniste italien avec qui Philippe a souvent joué) et peut être un ou deux standards, à voir…

La mise en bouche est plutôt « swingante », elle permet de goûter à la très belle sonorité de la guitare demie-caisse, naturelle et presque sans amplification. Les mélodies sont simples mais les harmonies sont elles particulièrement travaillées, surprenantes, délicates ; Philippe Roche va les survoler, les travailler encore pour qu’à chaque accord et pour chaque ligne soliste elles soient encore des surprises aussi complexes qu’osées. Avec mon voisin de chaise Frédéric Bruckert, particulièrement avisé et connaisseur puisqu’il taquine la six cordes lui aussi, nous convenons de ces ravissements là…

Ah la walking bass de Lincontang ! Çà c’est de l’assise solide, gros son, justesse et promenade autour des thèmes et des grilles harmoniques…

Mario, royal devant son piano, a réuni un superbe trio, la quarantaine d’auditeurs privilégiés dans ce salon de musique(s) assiste en voyeur à la jubilation de trois musiciens qui se redécouvrent et se surprennent, c’est bien ça la magie du jazz et de l’improvisation…

Ils seront à part égale soliste ou accompagnateur, le clin d’œil ou le sourire suffit à lancer le solo et même s’il y a hésitation, pas grave… Les compositions originales et celles de Giammarco seront toutes un ravissement mélodique et harmonique et surtout, pour nous, des nouveautés. La belle cohérence du trio est propice aux développements de chacun, Philippe sera indéniablement le plus aventureux amenant ses compagnons du soir à prendre eux aussi quelques risques harmoniques, pas de soucis, ils maîtrisent ; Piano 2005 sera peut-être la composition la plus convaincante et, en tous les cas, la plus représentative des recherches de ces gones-là. Un trio à suivre, souhaitons pour lui aussi, que les occasions se présentent…

Une fois encore bravo et merci à Monsieur Dugas qui met son espace à la disposition de ses amis musiciens pour la gourmandise des amateurs éclairés des « jeudis de Mario Stantchev ».

Philippe Simonci