Soirée Gottschalk par Mario Stantchev et Lionel Martin

Jeudi 3 mars 2016

Jeudi 3 mars 2016, c’était la fête à LYON MUSIC, le magasin de piano d’Yves DUGAS – 60, rue Sala à Lyon, transformé pour une soirée en salle de concert. Un public nombreux constitué de passionnés du Jazz, sinon d’éminents jazzmen comme Louis SCLAVIS étaient venus en amis entendre Mario STANTCHEV (piano) et Lionel MARTIN (saxophones).

Il y a deux ans a germé dans l’esprit de Mario et de Lionel un projet autour de Louis MOREAU GOTTSCHALK. Ce compositeur Américain né à la Nouvelle-Orléans en pleine période Romantique (1829-1869) ami de CHOPIN, de LISZT et de SAINT-SAENS était comme ces derniers un pianiste virtuose. Avant que le Jazz n’existe GOTTSCHALK a composé de nombreuses œuvres s’inspirant principalement des rythmes et des mélodies des esclaves noirs américains, ainsi que du Folklore Caribéen.

GOTTSCHALK est en quelque sorte le chaînon manquant entre la Musique dite « Classique » et le Jazz.  Mario STANTCHEV et Lionel MARTIN se sont emparés avec gourmandise de certaines de ses œuvres pour les réadapter au langage du Jazz, ce qu’aurait certainement fait GOTTSCHALK s’il était né quelques décennies plus tard. Il aurait aussi certainement apprécié les sonorités des différents saxophones joués de main de Maître par Lionel, y compris les très intéressantes résonnances de l’instrument prolongées par les vibrations des cordes du piano.

Ami de Mario STANTCHEV et de Lionel MARTIN, Yves DUGAS a soutenu dès l’origine ce projet et avait déjà organisé en son magasin un concert GOTTSCHALK juste avant que les deux protagonistes  n’en fassent le magnifique enregistrement qui vient juste de paraître et qui a été salué unanimement par la presse. Il vient d’ailleurs d’obtenir en ce mois de mars 2016 un CHOC de la revue CLASSICA.

Le concert du 4 mars chez LYON MUSIC sanctionnait l’excellence et l’originalité de ce projet unique. Après que Jean-Noël REGNIER ait retracé la genèse du projet GOTTSCHALK et dit quelques mots sur ce compositeur encore trop mal connu, le concert a débuté par une œuvre originale de Lionel MARTIN.

Il s’ensuivit nombre d’œuvres inspirées par GOTTSCHALK figurant dans le disque et fleurant bon l’exotisme : (Marche des Gibaros – Manchega – Romance cubaine – Le Bananier – La savane – Bamboula – Le Banjo etc.)

Bien que GOTTSCHALK ne fut aucunement raciste, les titres de certaines pièces jouées renvoient à une terminologie ségrégationniste du sud des Etats Unis au 19ème siècle (Bamboula – Danse de Nègres etc). Si ces titres peuvent aujourd’hui choquer, ils étaient alors très courants à l’époque de GOTTSCHALK et on en retrouve des traces y compris en France jusqu’au vingtième siècle ; il suffit par exemple de relire « Tintin au Congo » ou revoir la scène finale de « la femme du boulanger » de PAGNOL pour s’en convaincre.

Mario STANTCHEV et Lionel MARTIN ont fait voyager leur public pendant plus d’une heure entre la Louisiane et les îles des Caraïbes, de la Havane à Cuba en passant par Porto Rico, invoquant les esprits des esclaves noirs jouant du banjo ou des paysans Gibaros Portoricains. Les deux compères ont achevé leur concert en interprétant une nouvelle composition commune toute en finesse intitulée « By Mail » puisque les deux artistes/compositeurs élaboraient la partition en s’échangeant des mails (il faut vivre avec son temps !).

Après une ovation amplement  méritée Lionel et Mario ont retrouvé leur public conquis et ils ont dédicacé de bonne grâce leur nouveau CD (ou la version Vinyle) devant le traditionnel verre de l’amitié offert généreusement par Yves DUGAS à l’issue de chaque concert qu’il organise dans son magasin.