Tchen Nguyen (Jazz-Rhone-Alpes.com):
Mario Stantchev et Tiboum
jeudi 10 mars 2011
Aujourd’hui, j’entends Ti Boum se produisant à ses percussions en compagnie de Mario Stanchev au piano dans le cadre des soirées en suspension de Lyon Music, dans la même semaine où Jazz Rhône-Alpes.com a passé le cap des 5000 abonnés. Double plaisir.
Tiboum aux percussions
Je regarde, j’écoute, hume l’air en me délectant de Tiboum. Il est comme la terre nourricière. Il est primaire au sens profond du terme, car le secondaire, tertiaire, pourront s’exprimer à partir de son inspiration. Il est posté basiquement face à nous, en toute simplicité bonhomme, en saint homme pour pub de « chanson aux moines » (c’est plutôt ici le scat du chat qui touille), entrant en nos sensations, avec sa caisse claire et sa cymbale. Sa corpulence dépasse le volume des deux frêles instruments dont il se contente. Les yeux malicieux et expressifs animent le visage qui surmonte tout le majestueux édifice, comme le bulbe doré au sommet du Kremlin Le reste est affaire d’inspiration. Moins on a de machins à sa disposition, plus on diversifie les expressions, les douceurs comme les chocs et entre-chocs à faire vibrer poétiquement les pare-chocs d’une proche spectatrice. On peut noter un léger décalage qui fait le charme de la situation, comme celui entre les mains gauche et droite d’Errol Garner. Tiboum prend soin de respirer, de faire chanter l’instrument en même temps qu’il percute. Pas de tentation du déluge sonore trop souvent asséné par des apprentis Zeus dont les éclairs ne résident que dans leurs hébétitudes frénétiques.
Mario n’est pas en reste
Notre Mario Stanchev le suit et le précède en zigs zags be bop puis les prolonge en longues langueurs caravanées et ondulantes. Deux compères espiègles et poètes, mixeurs de réjouissances, avec frotti-frotta provocateurs d’étincelles.
Mario montre comment il sait renouveler son art selon les rencontres et les personnalités impliquées.
Je me rappelle également une soirée où ma voisine a apprécié la maestria de Tiboum exerçant sa science ensorcelante sur le parapet de ma terrasse. Chtoc sur la bande d’alu ! Bloom, bloom sur le béton, zioup en faisant glisser les baguettes sur le revêtement crêpi. Mat, mat avec ses mains bien à plat pour nous rappeler qu’en dessous il y a des parpaings bien creux, et vlan à nouveau, avec un coup de coude sur la bande d’alu. Prudent, il n’essaiera pas de produire d’effets spéciaux avec les pieds. Il sait garder le centre de gravité en deçà dudit parapet, malgré les rhums arrangés. Il sait presque tout faire, Tiboum, et à toute heure !