Jacques Seigneret (Jazz-Rhone-Alpes.com):
Mario Stantchev au piano et Michel Lavignolle à la flûte.
6 octobre 2014
« Toute musique va vers la poésie » dès l’instant où l’on prétend vouloir la « transmettre ».
En effet, il est bien difficile de transmettre le « vent » qui seul peut vous faire écouter le « son », c’est alors que nous nous réfugions derrière ce que nous appelons les « sensations ». Si le poète laisse des traces, le chroniqueur disparaît au gong final !
En écoutant le duo Mario Stantchev / Michel Lavignolle (piano/flûte), « l’oreille voit » et c’est bien à un voyage auquel nous avons pris partie, jeudi dernier, au Salon LyonMusic de Monsieur Yves Dugas.
Toute introduction à La Musique débute, évidemment, par Bach. Mario Stantchev « joue » de son corps habité de cette jouvence, transcrit de ses doigts cette « musique savante » , avec un tempo qui n’en n’est pas un, et dont j’ai le sentiment qu’il invente un concept qui n’existe pas. La main gauche du « seigneur », « Sa » main gauche aurait tendance à provoquer des ravages sur notre système pileux… enfin sur le mien.
La suite en duo ! Fleur jaune composition de Michel à la flûte au « pays du soleil levant ».
« La musique éveille le temps, elle nous éveille à la jouissance la plus raffinée du temps »
Cet instrument à vent semble prédestiné à ces des-pays-ements, sa vibration, venant des lèvres, du souffle, touche l’ensemble du corps. Comment ne pas « voir », revoir, à son écoute, « mémoire d’une Geisha » la compagnie raffinée, réservée, fascinante de cette « Geisha » . (Ne pas confondre la marchandise, ce matériel humain que l’on veut nous imposer, cette « doxa » des réseaux qui confond « l’ensemblisme » ambiant avec le singulier … !!)
C’est l’effet d’un merveilleux voyage, que nous donne ce duo complice ; A l’écoute de « Fleuve jaune » nous devenons « tout oreille rien qu’oreille », un moment souvent rechercher, rarement réalisé.
Viennent ensuite trois pièces pour flûte et piano de Mario Stantchev écrit pour Michel Lavignolle Blues Réminiscence, Java à New-York et Danse bulgare.
Dans ces trois pièces, Mario Stantchev, le « Wanderer » raffine du « corps à corps » les souvenirs prennent un nouveau corps sous ses doigts. Pour moi, auditeur, les tableaux défilent en superposant les couleurs de lieux dans un temps présent, singulier. D’abord la compréhension à travers l’oreille, puis la perception par l’œil s’opère. La musique de Mario Stantchev m’apparaît à contre courant de l’esprit de notre époque, et c’est bien la preuve qu’il voit plus de choses.
Puis quatre réminiscences de Georges Gershwin, Mario Stantchev s’approprie les grands standards de l’œuvre monumentale, les « transcrit » dans le filigrane, se réapproprie les mélodies en créant une oeuvre à part entière. Et la magie opère, les images d’élégance, de joie, de danse et d’allégresse des merveilleuses comédies musicales interprétées par Fred Astaire et Ginger Rodgers ! Des souvenirs, encore des souvenirs direz vous !?
Non ! Simplement une « façon de dire, donc d’être ».
Le rideau tombe, le Maître des lieux, dernier aristocrate Vénitien, Monsieur Yves Dugas, propose de terminer la soirée par son traditionnel « Aligoté » accompagné de toasts et mignardises ; les masques se « referment » et le slogan du bouffon « On ferme finissez vos verres » nous renvoie à nos « automobiles »…
Jacques Seigneret